Vers un autre modèle de société

Voici un article qui est très interpellant. Je n'ai pas vraiment encore d'avis. Qu'en pensez-vous ? En tous cas, ce monde sera invivable sans un changement profond de la structure de l'emploi et surtout du non-emploi.

Les technologies de l’automatisation et de l’internet sont en train de créer une société où tout sera gratuit, mais dans laquelle l’emploi sera très limité - http://www.express.be/business/?action=view&cat=economy&item=les-technologies-de-lautomatisation-et-de-linternet-sont-en-train-de-creer-une-societ-ou-tout-sera-gratuit-mais-dans-laquelle-lemploi-sera-tres-limit&language=fr&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=

Clairement, ça ne marcherait que dans un monde où il n'est pas nécessaire de travailler pour vivre (p.ex. grâce à une allocation universelle), mais à mon avis nous n'en arriverons jamais là.

D'abord parce que concevoir, entretenir, régler, réparer, etc. les machines qui font tout à notre place, c'est un boulot à part entière - et un boulot nettement plus qualifié que secrétaire, typiste ou employé de bureau. C'est à mon avis une erreur de croire que parce qu'une production est automatisée elle devient forcément gratuite, d'autant que les matières premières et l'énergie, elles, le sont de moins en moins. En plus, ces machines peuvent exécuter, mais elles ne seront jamais capables de prendre des décisions de manière autonome dès qu'elles font intervenir un minimum de créativité ou d'innovation.

Ensuite parce que, dans l'esprit des gens, "ce qui n'a pas de prix n'a pas de valeur". Dès le moment où quelqu'un a un peu plus d'argent que les autres (ou se sent supérieur aux autres, avec ou sans argent), il ne se satisfera plus du produit de masse que tout le monde a: il lui faut quelque chose de plus exclusif. Je suis persuadée que ce groupe n'est pas qu'une minorité négligeable, sinon personne ne roulerait dans une grosse voiture ou ne porterait des vêtements de marque. N'oublions pas que nous vivons dans un monde ultra-individualiste: il faut que cette individualité trouve à s'exprimer.

Enfin parce que trop de gens ont à perdre à une telle évolution pour la laisser se faire (ne fût-ce que, par exemple, si les produits sont gratuits ou presque gratuits, ils ne rapportent pas grand-chose non plus).

Néanmoins, le phénomène décrit dans cet article me fait un peu penser à ce qui se passe depuis quelques années dans le secteur de la presse, où avec internet tout le monde reprend de plus en plus telles quelles des informations diffusées par une structure centralisée et où les vrais journalistes ont de plus en plus de mal à vivre de leur métier. On voit ce que ça donne en termes de qualité. Je n'imagine pas que ce serait différent dans d'autres secteurs...

Billevesées!
Oui, le prix des biens de consommation a baissé, mais aux prix d'une formidable perte de qualité! Il faut payer un mixer 400 euros pour avoir la qualité d'il y a 40 ans. Mon exemple préféré: le rabot électrique acheté par mon père en 1976, et qui fonctionne toujours, sans jamais avoir dû être réparé. Et pourtant, il rabote autant qu'il radote. Ma dremel achetée il y a moins de deux ans est déjà en rade, le mixer a rendu l’âme, la senseo aussi, on a dû changer la machine à laver, etc.
Bref, on passe son temps à rapporter des choses au magasin et à en acheter d'autres. Alors, le tout gratuit, je n'y crois pas!
Dites moi ce qui est réellement gratuit actuellement, à part des couillonnades de services? (et encore: on le paie de sa personne grâce aux publicités)
L'eau est gratuite? Le pain? Les transports? Le logement? Les vêtements?
Croire que "rendre le processus du marché extrêmement efficace et réduire de façon drastique le coût marginal de production et de distribution" fera diminuer prix des choses, c'est se fourrer le doigt dans l’œil jusque l'omoplate. La seule chose qui va se passer est que les producteurs feront encore plus de bénéfices!

Je me suis fait une autre réflexion. On parle toujours de "croissance" comme si la seule solution était de croître. Mais dans un monde limité comme l'est notre terre, la croissance éternelle est impossible.

De même que le système qui prévaut et qui fait que le bien-être des plus vieux repose sur les plus jeunes est à bout de souffle. L'allongement de la durée de vie et la crise le mettent à genoux.

@Oeildeguerre.
Aujourd'hui, pour tout appareil (même pour votre mixer à 400 euros !) il y a obsolescence programmée. Une nouvelle façon d'entuber le consommateur !
Conséquence : on ne répare plus, on jette.
Par la bande... certains (comme Intradel) récupèrent et réparent ! Et hop... l'objet file dans un circuit parallèle dans lequel il est revendu.
C'est pas beau ça ?
Pareil avec les vêtements qu'on donne; Ils glissent dans le circuit "seconde main".

@Felder: vous pensez vraiment qu'Intradel répare les objets qu'ils récupèrent? Moi je ne crois pas. Ce n'est pas rentable. Si un technicien qualifié à 60€ de l'heure passe, mettons, 3h à réparer une machine à laver, ça fait 180€ de main d'oeuvre. Sans compter le transports, pièces, frais de vente, etc, ça approchera des 300€. Quand on pense qu'on peut avoir une machine à laver neuve (merdique, j'en conviens, mais avec garantie d'un an) pour ce prix, ça ne fait pas le poids.
Moins l'objet a de valeur, moins ça vaut la peine, d'ailleurs. Un mixer à 20€, c'est débobinage du moteur, et envoi du cuivre à la fonderie.
Seules de petite asbl peuvent à la limité réparer, et ces gars là ne roulent pas sur l'or savez vous. Au contraire des intercommunales.
Quant aux vêtements, certaines personnes jettent des vêtements pratiquement neufs, c'est vrai. Mais là aussi il y a un tri énorme à faire. Heureusement que beaucoup de gens d'Oxfam (par ex) sont des volontaires et que ces associations sont subsidiées, sinon à nouveau, je douterais de la rentabilité ...

Oeildeguerre a écrit: Heureusement que beaucoup de gens d'Oxfam (par ex) sont des volontaires et que ces associations sont subsidiées, sinon à nouveau, je douterais de la rentabilité ...

Ces associations ont une rentabilité sociale non négligeable !

ce sujet aussi essentiel ne mérite vraiment pas de se retrouver dans un vide-poches ...  ;-)

Poyel a écrit:Ces associations ont une rentabilité sociale non négligeable !

Qu'est-ce que cela veut dire, "rentabilité sociale"?

@le lion: je suppose que ça veut dire qu'on ne sprôtche pas les petits, pour une fois. Que grâce aux super machines à laver réparées à grands frais, le péhesse fait acte de charité via ses intercommunales, et donne aux petits les miettes de son plantureux relief d'ortolans.

Oeildeguerre a écrit:@le lion: je suppose que ça veut dire qu'on ne sprôtche pas les petits, pour une fois. Que grâce aux super machines à laver réparées à grands frais, le péhesse fait acte de charité via ses intercommunales, et donne aux petits les miettes de son plantureux relief d'ortolans.

Voilà. C'est aussi que par le travail on rend une dignité à ceux qui le veulent bien.